Le froid des cachots

 

Oui, encore un article bateau. Un papier qui vogue sur la flaque qu’on appelle banalité médiocre. Matière usitée à l’excès, voilà le sentiment d’une bleue chez les Serpentards (quand je dis bleue, j’entends bien sûr novice, néophyte, nouvelle). Ce qui va suivre n’est rien de moins qu’une sorte de récap' raté, écrit au fil de ma pensée, uniquement pour vous faire souvenir, à vous, anciens, vieux de la vieille, croulants, ce que c’est que d’arriver dans cet endroit que vous côtoyez maintenant depuis longtemps.

Qui, sur Terre, se dit : « je suis Serpentard dans mon existence quotidienne » ? Qui peut affirmer à travers vents et marées que cette Maison lui convient parfaitement, sous tous ses aspects ? Qui est fier de cette Maison qui abrita de tout temps, des plus grands aux plus risibles mages noirs ?

Pas moi.

Franchement, au départ, j’étais là, désemparée suite à cette mascarade de répartition, persuadée d’être envoyée à Poufsouffle ou à Serdaigle (pas Gryffondor, nan, trop fade). Mon premier réflexe fut de me dire que le Choixpeau buguait, ou bien blaguait. Je ne me suis pas dit à un seul moment : « à bah ouais, la ruse, le pragmatisme froid et l’ambition à outrance, c’est carrément moi ». Mais plutôt que de geindre, de me morfondre, de piquer des crises auprès du personnel, j’ai pris une longue inspiration, j’ai serré les fesses et je suis entrée chez les vert&argent.
 
Tout d’abord, les cachots. Les cachots.


Si je voulais continuer sur ma métaphore filée marine, j’aurais tenté un truc avec cachalot. Franchement, les cachots, ce n'est pas glamour. En général, ça pue, il fait froid, c’est humide, et puis ce n’est décidément pas bon pour entretenir mon teint halé. Les cachots, c’est ce cliché, ce repère de méchant-pas-beau qui établit ses plans pour détruire le monde. Il faudrait peut-être se poser la question, se demander si ce n’est pas parce qu'on relègue les Serpentards aux cachots qu’ils sont méchants, envieux et le teint cireux. Pas de cuisine toute proche, pas de vue magnifique, mais les lueurs froides et creepy du lac sur les murs. Mais passons sur le cadre, et laissons nous emporter par la vague d’effervescence, par la vivacité des vipères dans leur nid.

Figurez-vous que les serpents sont soumis à la thermorégulation. Je vais vous la faire courte, en gros, quand il fait froid, c’est compliqué d’être un reptile. Et au cœur de l’hiver, dans des cachots, ça caille. Condition climatique mauvaise signifie donc absence d’activité, seule explication viable à ce désert arctique de la salle commune. Et se présenter dans des conditions aussi exécrables, c’est naviguer sur une mer plate. Mais mieux vaut flotter sans grâce que de couler en beauté, et mon introduction est passée comme une lettre à la poste (pas comme les métaphores et expressions vaseuses utilisées dans cet article), et j’ai rejoint les bancs sans faire de vague.

Les vagues étaient plutôt causées par ces cailloux lancés à la mer. Ces démissions que je ne comprenais pas, trop occupée à aller en cours de vol ou DCFM telle la fayotte que je suis, étaient peut-être le reflet d’une vie reptilienne en extinction. Et puis j’ai mis le pied dans la cave, repère de vipères en tout genre. La cave, un endroit étrange, et je pense qu’aucune Maison ne réussit cet exploit que de débattre avec une ferveur et une énergie incroyable pendant des heures. Hypnotisée par ces joutes verbales, ces coups sans retenu, cette violence dans les propos, cette tempête monumentale, je me suis discrètement installée dans cette atmosphère qui me rappelle les débats aux repas de famille (je vous laisse choisir qui est la tata raciste et qui est le vieux aigri), et en soupirant de contentement, je me suis sentie comme à la maison.

En l’espace de quelques semaines, en passant du cachot sordide à la cave étrangement chaleureuse, en déambulant dans les couloirs après une torture un entraînement de Quidditch, la chose dissimulée en moi a mué.
C’est avec une grande fierté, qu’aujourd’hui, je me reconnais de la Maison Serpentard : dans sa capacité à parler avec passion, à faire preuve d’ambition, de fierté, de ruse, et bien sûr sa capacité à s’adapter quoi qu’il arrive.

Même au froid des cachots.
 

 

 

 

Commentaires

1. Le 18 févr. 2020, 13h31 par Hellia

Un premier article qui annonce une carrière de chroniqueuse prometteuse.

Encore une fois, bienvenue à Serpentard, ravie de compter tes écailles parmis les nôtres.

2. Le 18 févr. 2020, 14h32 par Cami

J’adore ton article, j’en veux d’autre!
Et on sait tous que le vieux Serpent aigri c’est Aidan :///
En tout cas tu t es très bien intégrée et on est trop content d’avoir une vipère telle que toi ;)

3. Le 18 févr. 2020, 15h12 par Katalina

C'est un super article Avis, que j'ai adoré illustré ! Simple, sincère, très révélateur. Tout comme il faut. J'irais même jusqu'à dire que c'est poignant à certains moment.

Ps : L'illu bug on sait pas pourquoi, on remercie tous dotclear

4. Le 18 févr. 2020, 15h55 par Avis

Pour te répondre Cami, je n'ai pas du tout (mais vraiment pas du tout) pensé à Aidan en écrivant "vieux aigri" (mais j'avoue qu'en relisant, si. haha) !

Et merci les filles (et surtout toi Katalina pour ton illu magnifique) ♥︎

5. Le 5 mars 2020, 08h59 par Kazga

Cet article est vraiment extraordinaire. Tu arrives à concilier un fond captivant (ton intégration dans la salle commune semble être un bon premier sujet d'article et tu le traites avec un humour doux et subtil) et une forme fabuleuse (champs lexicaux, métaphores et autres figures de style dignes des plus grands auteurs parsèment les lignes de cet article). Je pourrais dire que c'est un article prometteur qui en annonce bien d'autres, mais ce ne serait pas assez positif. Je dirais plutôt que ton talent est d'ores et déjà prouvé, j'espère que tu continueras à le montrer.

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